Bonjour à tous,
Aujourd’hui, je vous propose de remonter le temps pour nous replacer en juin 2015. Alors que la Fnac se redresse de manière phénoménale avec une action se revalorisant de 2,3 fois. La manière dont elle a réussie à diminuer ses coûts tout en soutenant son chiffre d’affaires lui ont permis d’arrêter de consommer jour après jour de la trésorerie. Dans le même temps, la situation de Darty était toute autre.
Darty, des ambitions partiellement tenues ?
Alors que la situation de la Fnac ne lui laissait pas le choix et imposait des mesures drastiques pour surmonter la crise, Darty lui aussi a traversé la crise mais d’une intensité moins importantes que celle de la Fnac. Ce qui se produit parfois quand la situation ne met pas en danger l’entreprise s’est alors produit. Darty a temporisé, patienté prenant lentement des mesures dont l’ampleur n’était pas à la mesure des événements. Cela ne veut pas dire que Régis Schultz, directeur fraîchement arrivé en 2014, n’a pas été à l’origine d’une tentative de maîtrise de masse salariale ou qu’il n’a pas tenté de mettre un terme à un pan de l’activité devenu peu ou pas rentable. Il a lui aussi tenté de soutenir son chiffre d’affaires avec le rachat de Mister Good Deal, censé permettre de créer une dynamique soutenant une croissance organique en ligne. Le principe de Franchise de Darty a aussi été développé, mais ni ce dernier ni la vente en ligne n’ont été suffisant pour maintenir la direction a son poste face aux ambitions présentées un an auparavant.
L’impact sur le résultat de l’entreprise pourtant redevenue bénéficiaire pour la première fois en 4 ans en 2015, n’a pas été à la hauteur des espérances des investisseurs. Les charges démultipliées avec la présence à Londres et à Paris, pesaient encore trop sur le résultat de l’entreprise. Ainsi Darty a perdu près de 30% de sa capitalisation. Ainsi, la comparaison avec le redressement de la Fnac n’a pas tenu longtemps aux yeux des investisseurs…
Ainsi, en l’espace de 18 mois, la situation s’est complètement retournée… Au point d’inverser le rôle du chasseur et du chassé : si certains soufflaient à Darty une idée de rachat de la Fnac, c’est désormais la Fnac qui regarde avec envie la situation de Darty.
Quelques mois après son introduction en bourse, la situation semblait de plus en plus compliquée pour la Fnac face à trois menaces sur son propre marché :
- la menace pesante d’un pur player concurrençant directement et sur son cœur de marché avec Amazon
- la menace d’une population française de moins en moins adepte à la lecture et
- bien entendu face à la menace du téléchargement et de la dématérialisation qui ont considérablement réduit les ventes de CD et de DVD.
De surcroît, une partie, à savoir la redoute et printemps via le groupe Kering, les actionnaires ont profité de l’introduction en bourse pour céder leurs parts…
La Fnac, un redressement spectaculaire
Face à ce flot de menaces, le PDG arrivé en 2011 depuis Europe 1, Alexandre Bompart a mis en place un plan de redressement porté par un plan d’économies au sein de la Fnac et par le soutien coûte que coûte aux ventes !
Et pour réaliser ce plan d’économies, la Fnac a du maîtriser sa masse salariale. Résultat une baisse de 12% des coûts et la Fnac voudrait ne pas s’arrêter là et poursuivre cette maîtrise des coûts.
A côté de cette maîtrise, la vente, le nerf de la guerre, est soutenue par tous les moyens pour faire face au pur player Amazon en luttant sur le même terrain que le géant américain : les prix sont alors baissés et pour livrer aussi rapidement qu’Amazon, un nouvel entrepôt est construit. Pour améliorer son chiffre d’affaire, la Fnac décide aussi de proposer une nouvelle gamme de produit, des produits qui ne doivent pas être menacés par la concurrence d’internet et avec une valeur ajoutée plus importante que les produits habituellement commercialisés. Bien entendu, les téléphones portables, les tablettes et autre objets connectés s’ajoutent à la papeterie haut de gamme et aux petits électroménagers pour venir garnir les rayons de la Fnac.
En l’espace de quelques mois, la Fnac redresse ses marges ce qui lui permet de ne plus avoir à utiliser sa trésorerie pour maintenir son activité. La Bourse salue les résultats et le cours de l’action est multiplié par 2,3 alors que dans le même le cours de Darty, qui n’a pas effectué ses efforts perd près de 30 % !
Bonjour à tous,
Cette section actualité ne mériterait pas son nom si jamais nous ne revenions pas le temps de quelques articles sur l’événement majeur que le secteur a vécu depuis plusieurs mois. Un événement fort en rebondissement et qui pourrait bouleverser fondamentalement le secteur d’activité.
Vous l’avez donc compris, nous vous proposons de revenir sur les dates clés du rachat de Darty par la Fnac…
Revenons à janvier 2014 : la Fnac en difficulté
Pour comprendre un rachat, il faut souvent remonter à quelques années auparavant. Dans ce cas précis, comprendre cette acquisition nécessite de remonter le temps. A janvier 2014 pour être précis… A cette date-là, la Fédération Nationale d’Achats des Cadres entre alors en bourse. Les premiers mois sont particulièrement difficiles, excluant l’euphorie des premiers mois comme c’est le cas habituellement… Alors c’est la Fnac qui aurait pu être la proie de Darty, dont la valorisation est deux fois plus importante que celle de la Fnac. Les actionnaires historiques à l’exception de la famille Pinault commencent alors à vendre des actions (via le groupe Kering, les actionnaires vendeurs sont le Printemps et la Redoute).
Pour bien se placer dans le contexte d’alors, il ne faut pas oublier que la Fnac est en mauvaise posture, face à l’inévitable baisse du nombre de lecteur en France, face à la menace du téléchargement constituant un vrai danger pour les CD et les DVD et bien entendu la concurrence du mastodonte américain : Amazon. Virgin en avait déjà fait les frais, au même titre que Surcouf ou encore certaines autres librairies. La menace à court terme est donc très importante et Darty aurait pu profiter de la baisse de la valorisation de la Fnac pour, dès 2014, fusionner les deux activités…
La rumeur veut que certaines banques soient venues tâter le terrain pour inciter le leader de l’électroménager à racheter la Fnac. Cependant, 18 mois après la situation est toute autre… La Fnac menée d’une main de fer par Alexandre Bompard a complètement inversé la situation !
Revenons donc sur ces 18 mois pendant les quelques la Fnac a effectué un incroyable passage : du chassé au chasseur !